1. |
Tournée des grands-ducs
04:34
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L’ennui nous rongeait sans répit
On n’savait que faire de nos nuits
La solitude froissait nos draps
C’était avant que tu sois là.
La journée commençait le soir
Avec la tournée des grands-ducs
On y croisait d’autres fêtards
Jean-Pierre, Paul, Sylvain ou Luc
On y laissait pas mal de fric
Quand on arrosait toute la clique
C’était le prix d’une vie sociale
Et les amis c’est primordial
L’alcool nous rendait drôles et vifs
Spirituels et réactifs
Notre insolente intelligence
S’affichait en toutes circonstances
Nous prenions conscience de la chance
Que nous donnait cette fulgurance
L’instant était privilégié
Pour éblouir la société
Notre capital séduction
Semblait atteindre des plafonds
Nous pensions pouvoir l’élever
Encore un peu sans nous cogner
Alors au bar avec Gégé
On s’en remettait un dernier
Pour éviter que l’effet passe
Avant de partir à la chasse
Car pour éviter les déboires
On ne laissait rien au hasard.
Il faut pour assurer son coup
Disposer de tous les atouts.
Du coup pour se donner confiance
Un peu par acquis de conscience
Gégé remettait la tournée
Suivait une revanche annoncée
Toujours l’histoire se répétait
Nous assis sur nos tabourets
Soudain au point de non-retour
Trop fatigués pour faire l’amour
Tout basculait si rapidement
Nous si brillants l’instant d’avant
Avions perdu l’usage des mots
Et l’art d’en tenir des propos
On ne roulait pas sous la table
Mais l’équilibre était instable
Le temps était à la raison
Allez on rentre à la maison
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2. |
Tout recommence
02:24
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Radio réveil
Fin du sommeil
Les camions poubelles
Sont sans appel
Je n'ai pas envie
On s'fout d'mon avis
Humeur du matin
Avant le turbin
A toute allure
Vers le futur
Même si c'est dur
On marche d'un pas sûr
Détour par l'école
Entre les bagnoles
Dépose minute
On transbahute
Plus loin dans la rue
Ma belle inconnue
Sourire entendu
A demain, salut
Déjà disparue
A perte de vue
Tout recommence
Quand on y pense
Les néons blafards
Foutent le cafard
Mais le jour se lève
Enfin la relève
Journée commencée
Déjà fatigué
Ne pas y penser
Rester motivé
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3. |
Ascendances
03:08
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Fascination des ascendances
Branches tendues vers l'infini
Vous êtes du même arbre immense
Qui nous rassemble et nous unit
Combien de maillons dans la chaîne
Combien d’histoires, de vies vécues
Sur quelques unes qu’on égrène
Combien d’autres en a-t-on perdues
Je suis une modeste graine
Qui porte en moi toutes vos vies
Votre labeur passé me peine
Vos bonheurs d’hier me sourient
Les feuilles mortes disparaissent
Et sombrent à jamais dans l’oubli
Mais d’autres chaque année renaissent
C’est le printemps qui refleurit
Séquoia multi-millénaire
Général Sherman qui s’élève
Combien en puisant dans la terre
En as-tu nourries de ta sève
La mémoire s’efface et se perd
Dans les limbes et dédales du temps
De nos ancêtres sur la terre
Ne subsistent que gênes et sang
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4. |
Où es-tu ?
03:54
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Je me souviens de toi
Comme si c’était hier
De tes airs, tes manières
Jusqu’au son de ta voix
Je revois ton visage
Au regard malicieux
Qui me ment sur ton âge
Et qui me rend moins vieux
Tu as bien du changer
Je n’ai que cette image
Réveillée du passé
Toute à ton avantage
Sur cet instantané
Tu es belle, tu rayonnes
Et ça fait des années
Qu’tu souries comme une conne
Où es-tu aujourd’hui
Dans quel autre quartier ?
Est-ce si loin d’ici
Qu’on n’se croise jamais
Le temps s’est refermé
Sur un dernier regard
Quelques mots échangés
Pour se dire au revoir
On se quitte à jamais
Toujours sans le savoir
Ce n’est que bien plus tard
Qu’on peut se l’avouer
Tu me parles aujourd’hui
Avec des mots d’hier
Qui se sont travestis
Pour mieux me satisfaire
Voilà ma liberté,
Celle de te prêter vie
Te faire rire ou pleurer
Au gré de mes envies
Où es-tu aujourd’hui
Dans quelle ville te chercher ?
Est-ce si loin d’ici
Qu’on n’se croise jamais
T’ai-je déjà revue
Sans m’en apercevoir
Me reconnaîtrais-tu
Si tu devais me voir
Qu’un jour on se rencontre
Au hasard d’une rue
J’veux bien que tu me racontes
Ce que tu es devenue
Même si c’est pas marrant
Des enfants, un mari
Je serai trop content
De te savoir en vie
On parlera d’avant
En anciens combattants
Des souvenirs communs
Vécus main dans la main
Où es-tu aujourd’hui
Où donc es tu passée ?
Est-ce si loin d’ici
Qu’on n’se croise jamais
Que tu sois sur la terre
Ou ailleurs, au-delà
Dans les deux cas j’espère
Qu’on se retrouvera
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5. |
Fuite en avant
03:00
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Il faut toujours courir
En raison de l’urgence
De quoi on ne sait dire
Il faudrait qu’on y pense
Mais ça prendrait du temps
Il vaut mieux qu’on avance
En regardant devant
En tenant la cadence.
Fuyons le temps qui passe
Et l’ennui qui nous suit
A l’arrêt on se lasse
Et puis on réfléchit.
Je renonce aujourd’hui
Au repos du guerrier
Je préfère à l’ennui
L’hyperactivité
C’est l’esprit au repos
Qui ronge le cerveau
La pause nous névrose
L’arrêt nous ankylose
C’est l’action qui nous tient
Droits debout et en vie
On ne fait pas le point
On ignore, on oublie
Adieu mélancolie
Adieu grands sentiments
Je vais vivre ma vie
Loin de tous vos tourments
Adieu mortes années
Adieu manque à gagner
Demain verra le jour
Je sens que c’est mon tour
Hâtons, dépêche-toi
Il y a demain l’espoir
On nous attend là-bas
Il est déjà si tard
Il faut saisir sa chance
Et la main qui se tend
Partir dans le bon sens
Etre là dans l’instant
Je n’vais pas rester là
Le coeur et l'âme en peine
A me dire ça ira
Il suffit qu'elle revienne
Adieu mélancolie
Adieu grands sentiments
Je vais vivre ma vie
Loin de tous vos tourments
Adieu mortes années
Adieu manque à gagner
Demain verra le jour
Je sens que c’est mon tour
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6. |
Créature éthérée
03:47
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Je me perds dans les nues
Dans un épais brouillard
C'est en terre inconnue
Que j'avance au hasard
Le regard bienveillant
D'êtres chers disparus
M'emporte tendrement
Vers la cité perdue
J'ai peur de vous quitter
De ne plus vous revoir
J'ai peur de vous manquer
Après le grand départ
Échappée solitaire
De l'ombre à la lumière
Je m'en vais apaisé
Sachant que vous m'aimez
Le temps suspend son vol
Et je prends mon envol
Mon âme se répand
Dans les airs, dans le vent
Créature éthérée
Douée d'ubiquité
Je reste parmi vous
D'où je suis, je vois tout
Secrets inavoués
Mensonges de nuits d'été
Petites trahisons
Dangereuses liaisons
J'ai pris quelques affaires
à brûler en enfer
Si je peux y passer
Pour m'en débarrasser.
J'ai le coeur plus léger
De pouvoir emporter
Des images, des odeurs
Des visages, des couleurs
Je vous sens vous entends
Vous sais à mes côtés
Maintenant il est temps
D'enfin s'abandonner.
Le temps suspend son vol
Et je prends mon envol
Mon âme se répand
Dans les airs, dans le vent
Créature éthérée
Douée d'ubiquité
Je reste parmi vous
D'où je suis, je vois tout
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7. |
Perdu en mer
04:02
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Il est bien loin le temps où j’arpentais la grève
En cherchant la voilure, le point dans le lointain
J’en ai passé des mois à ne te voir qu’en rêve
A veiller l’horizon, à te chercher en vain.
Je suppliais le ciel pour que tu me reviennes
Je priais j’implorais pour que vive mon marin.
Comment peut-on d’aimer ressentir tant de peine
J’aim’rais te voir porter le poids de ce chagrin.
Il est bien loin le temps de la félicité
De notre amour enfoui dans des jeux interdits
Nous étions destinés depuis nos jeunes années
A la mort à la vie, on se l’était promis.
Alors on s’est mariés, par un soleil radieux
Comme une prophétie qui un jour s’accomplit
Nous nous sommes dit oui sous les regards envieux
De témoins éblouis par tant de poésie.
Mais la mer a tôt fait de rappeler ses marins
Au détriment des femmes qui restent à les attendre
Les longues traversées, les voyages sans fin
Font des grands sentiments, des parterres de cendres.
Rien n’est plus comme avant, car tu n’es plus le même
Si j’ai pu te manquer, c’est entre deux escales
Peu m’importe aujourd’hui, tu peux dire que tu m’aimes
Je n’suis pas celle du port, le réconfort local.
Pourtant déjà je sais qu’il me faudra céder
Quand peu à peu l’alcool aura fait son effet
Je plierai sous les coups, je perdrai ma fierté
Et tu t’endormiras, repu et satisfait.
Il est bien loin le temps où j’arpentais la grève
En cherchant la voilure, le point dans le lointain
Si désormais je rêve, c’est qu’un jour tu en crèves
Que les vagues t’enlèvent et que ce soit la fin.
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8. |
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Nous recherchons un peu d’enfer
Pour briser la monotonie.
Nous ne pouvons pas nous défaire
De nos démons quand vient la nuit
Pour quelques bonheurs éphémères
Pour quelques instants de plaisir
Il faut souvent payer très cher
Ce qu’on ne s’est pas vus choisir.
On s’affranchit par maladie
Petite vérole, blennorragie
De l’équité en toute chose
C’est selon, cancer ou cirrhose.
C’est là le châtiment divin
Qui s’abat sur nous pour un rien
C’est dans l’épreuve que l’on expie
Les petits plaisirs de la vie
A chaque pénitent sa croix
Qu’il faut porter selon les cas
Suivant la gravité des faits
Des heures, des jours, ou des années.
Pourtant le sentiment est pur,
Empreint de nobles intentions.
C’est l’amour qui crée la brisure
Dans son excès d’exaltation.
N’est-ce pas le meilleur de nous
Qui fait dévier nos chemins
Est-ce qu’on ne manque pas de tout
Quand on ne croit manquer de rien.
C’est là le châtiment divin
Qui brise nos vies pour un rien
C’est dans l’épreuve que l’on expie
Les petits plaisirs de la vie
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9. |
Ce qu'il faut
02:23
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Ce qu'il faut pour s'aimer
Quand le cœur n’y est plus
Ce qu’il faut pour changer
Lorsque l'on n'y croit plus.
Ce qu'il faut de labeur
De larmes et de pleurs
Ce qu’il faut supporter
Pour vivre en société
Ce qu'il faut de sueur
Pour surmonter ses peurs
Ce qu’il faut pour savoir
Ne rien en laisser voir
Ce qu'il faut de douleur
De peines et de rancœur
Ce qu’il faut supporter
Pour vivre à tes côtés
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10. |
Serralongue
05:01
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Tout en haut des rochers, on voyait la vallée
Les chalets où logeaient certains des vacanciers
On devinait au loin les trois tours de Cabrens
Un peu plus haut que nous, le pic du Canigou
Les enfants jouaient nus sur des rocs de granit
S’amusaient du vertige qu’ils avaient tout en haut
Le soleil pouvait bien briller à son zénith
Ils retournaient dans l’eau lorsqu’ils avaient trop chaud
La piscine était ronde, ni grande, ni profonde
Ni très propre pourtant, elle attirait du monde
Un collant filtrait l’eau, retenant les sangsues
Mais elle était de source, que demander de plus
Serralongue,
Un village haut perché et son camp retranché
Serralongue,
On vivait chaque été nus dans les Pyrénées
En fin d’après-midi, le camping s’animait
Certains se regroupaient au terrain de Volley
Répondant à l’appel d’un meneur décidé
Un peu comme un muezzin du haut d’un minaret
A côté se livraient des parties endiablées,
De pétanque où les pros, enchaînaient les carreaux
Les enfants complotaient aux abords du portique
Venaient s’y balancer sur de gros pneumatiques
Le soir à la veillée, on allait chez Nadia
Boire du cidre et manger, des crêpes au chocolat
On rentrait dans le noir, en prenant le chemin
Bordé de vers luisants, de crapauds coassant
Serralongue,
Un village haut perché et son camp retranché
Serralongue,
On vivait chaque été nus dans les Pyrénées
On contemplait le ciel et sa voûte étoilée
On repérait les ours, Véga et Cassiopée
Je découvrais le monde, et son immensité
Je rêvais d’approcher un jour la voie lactée
Chaque année revenaient les mêmes habitués
L’homme à la jambe de bois, l’astronome, le curé
Le couple de Narbonne, et son berger allemand
Les amis d’mes parents, leur chien et leurs enfants
C’était les grands espaces et la vie au grand air
On ne portait rien d’autre que le nécessaire
Nous n’étions pas très loin du paradis sur terre
Même si ce n’était pas des vacances à la mer.
Serralongue,
Un village haut perché et son camp retranché
Serralongue,
On vivait chaque été nus dans les Pyrénées
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Lionel Trouy Nancy, France
Discographie (LP) :
Huis clos (2018)
Nastenka (2002)
La retenue (1999)
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